Cupidon n’est pas un ange – Partie 2

          Un millier d’enseignes lumineuses éclairaient les rues de Séoul, comme chaque soir. Des groupes d’amis ou de collègues se pressaient dans les bars après leur journée de travail. Lui devait se contenter de les observer de loin.
          Après avoir reçu la visite de Cupidon, de mystérieux pouvoirs et une malédiction il y a de cela trois jours, Kang-Dae s’était demandé comment repérer les noms répertoriés pour commencer à se mettre à l’œuvre. La ville s’étendait sur des kilomètres, il lui faudrait plusieurs jours pour trouver une personne. Heureusement, Cupidon lui avait laissé un petit quelque chose pour l’aider dans sa tâche : lorsqu’il touchait l’un des noms de sa liste, l’individu s’illuminait d’un halo brillant visible peu importe où il se trouve. Apparemment, il était le seul à le voir.
          La toute première fois qu’il s’était mis à la recherche de ses cibles, Kang-Dae n’avait aucune idée de tout cela. Il ne savait même pas qu’on lui avait transmis des pouvoirs, et encore moins lesquels. Ce jour-là, il ne décocha que deux flèches tellement le travail de recherche avait été fastidieux. Et c’est par hasard, après avoir trouvé les prochains, qu’il avait effleuré leurs noms juste avant de les viser. Pendant un instant, il s’était demandé si c’était ses yeux qui s’étaient adaptés pour lui permettre de mieux les repérer dans le noir. Mais il n’en était rien. Après d’autres tests en ciblant des passants, il s’était rendu compte que cette lumière n’apparaissait autour des gens que lorsqu’il touchait son papier.
          Cette découverte arriva comme un soulagement. Sinon comment aurait-il pu réunir chaque couple en seulement 10 jours ?

          Autre chose l’avait frappé ce soir-là, alors qu’il avait son arc à la main, mais une écharpe remontée jusqu’au nez et un bonnet pour ne pas être reconnu, plusieurs personnes étaient passées à côté de lui sans même le voir. En soi, cela n’avait rien d’anormal. Mais un autre homme l’avait frôlé de si près que Kang-Dae aurait juré qu’il aurait dû lui rentrer dedans s’il ne s’était pas écarté à temps. Pouvait-il devenir invisible aussi ?

          La liste ne lui paraissait plus si longue, maintenant qu’il pouvait aisément identifier les couples. C’est plutôt vérifier leur compatibilité qui lui prenait le plus de temps – et  qui l’intéressait le moins –. De toutes les paires qu’il avait créées, aucune n’avait été mal assortie. Alors à quoi servait cette étape ? La frayeur de la malédiction que Cupidon lui avait lancée suffisait à elle seule à le dissuader de la passer. Ses mots raisonnaient encore dans son esprit :

          « Ton nom n’apparaitra jamais sur cette liste. Pire que tout, chacune des femmes qui pourraient te correspondre sera toujours touchée d’une de mes flèches sous tes yeux. »

          Il frissonna rien qu’en y repensant.

       En trois jours, il avait pu déjà rayer près d’un tiers des noms. Il avançait extrêmement vite.

          Ce soir, comme tous les autres, Kang-Dae se prépara à accomplir sa mission. Il jeta un regard noir sur sa panoplie ridicule avec laquelle il devait créer de nouveaux sentiments.
         Tout dans le matériel le mettait mal à l’aise. L’arc était minuscule, tout en courbes et très, très rose. Lui était plus habitué à des arcs de compétitions d’à peu près 170 cm. Celui-ci mesurait tout juste 30 cm ! Il tirait bien, c’est sûr, mais entre sa taille et sa forme, il ressemblait plutôt à une caricature sortie d’un film ou d’une pièce de théâtre. Mais si cela s’arrêtait à l’arc !
          Les flèches, dont la pointe formait un cœur, semblaient venir tout droit de la même comédie romantique. Heureusement qu’il était le seul à pouvoir les voir. Si un jour quelqu’un le photographiait avec ces accessoires, sa réputation d’archer serait ruinée.

          Il avait vérifié la compatibilité des duos dans l’après-midi, il ne lui restait plus qu’à les viser avec ses flèches. C’est de ça qu’il s’amusait le plus, c’était la partie la plus intéressante. Après s’être faufilé jusqu’au toit d’un immeuble, il observa la vue imprenable sur l’artère principale de Myeongdong, l’un des quartiers où les jeunes se rassemblaient le soir.
          Le panorama qui s’étendait devant lui l’émerveillait. Il ne se lasserait jamais du contraste entre le noir de la nuit juste au-dessus de lui et des lumières éclatantes sous ses pieds.

          Kang-Dae reprit ses esprits et effleura les noms du premier couple sur sa liste. Il les avait tous les deux entendus parler d’une soirée dans un bar dans une rue adjacente. C’est fou comme parfois le destin n’a besoin que d’un petit coup de pouce pour réunir deux inconnus. Il tendit son bras en avant, paume vers le ciel, comme si quelqu’un allait lui donner quelque chose. Deux flèches liées d’un ruban apparurent au creux de sa main. Ces flèches étaient destinées à chacun des tourtereaux. Il ne devait pas rater sa cible. Ça ne lui était jamais arrivé et il avait la ferme intention de continuer sur sa lancée. L’archer n’avait aucune idée de ce qu’il se passerait si l’une d’elles ne touchait pas la bonne personne, et il ne comptait pas le découvrir.
          De ce qu’il voyait, il ne lui restait que quelques minutes avant que l’un d’eux ne soit hors de portée.
          Avec assurance, Kang-Dae banda son arc minuscule comme il l’aurait fait avec le sien. Il n’aurait jamais pensé pouvoir tirer d’aussi loin avec ce truc ridicule. Pour autant, s’il avait bien visé l’arc ne lui faisait jamais défaut.
          Il décocha la première flèche qui alla se nicher droit dans la tête de l’homme désigné. Aucun de ceux qu’il avait touchés n’avait eu l’air de ressentir quoi que ce soit.
          La seconde partit un instant après. Et, alors qu’elle atteignait la jeune femme illuminée en pleine poitrine, Kang-Dae put apercevoir leurs regards se croiser. C’était ça le coup de foudre dont il avait toujours rêvé : un regard au milieu d’une foule qui dure quelques secondes de plus qu’il n’aurait dû avec un simple inconnu.
          Leurs lumières se dissipèrent et il ne put plus les distinguer dans toute cette foule. Les deux noms s’étaient raturés d’eux-mêmes dans sa liste.

          Du coin du toit, à tirer des flèches pour sceller le destin d’anonyme, Kang-Dae avait presque l’impression d’être un Superhéros. Non pas qu’il fasse quoi que ce soit d’extraordinaire, mais la situation en elle-même lui faisait penser à l’ombre de Green Arrow veillant sur Star city la nuit. C’était bien la partie qu’il préférait le plus. Sur ce toit, il se sentait davantage comme un archer en mission plutôt que comme un entremetteur-voyeur qui espionnait des gens dans le but de mesurer leur compatibilité.

          Il jouait avec le caillou devant sa chaussure, attendant que les futurs élus de sa liste ne se montrent, quand une rafale le déstabilisa. Sans balustrades pour se retenir, Kang-Dae tomba la tête la première vers la rue animée, vers le vide.
          Le temps sembla se ralentir pour lui alors qu’il imaginait mourir dans les prochaines secondes. Qu’est-ce qu’il avait été idiot de se prendre pour un superhéros en haut d’un immeuble sans garde-fous !
          Il ferma les yeux et son cœur se serra en songeant à cette médaille d’or qu’il ne remporterait jamais. Mais bien vite, ça n’est plus cette récompense que son esprit voyait, mais bien Elle. Il ne l’avait rencontrée qu’un bref instant, mais son sourire l’avait envouté. Jamais il n’aurait l’occasion de lui parler et d’apprendre à la connaître.

          C’était bien son regret le plus considérable. Mais il était trop tard maintenant, il ne pourrait rien y changer.

          Il prit une grande inspiration et s’apprêta à se fracasser sur le bitume sous les cris des passants. Pourtant, il n’entendait pas un bruit. Le vent soufflait toujours aussi fort contre son visage. Est-ce que son subconscient lui offrait quelques secondes supplémentaires pour repenser à sa vie ?
          Incertain de savoir s’il voulait réellement découvrir quand il allait toucher le sol, il entrouvrit un œil. Cet instant lui suffit pour comprendre qu’il ne tombait plus. Et même s’il ne trouvait aucune explication logique, le jeune homme se demanda s’il ne rêvait pas.
          Sous lui, les lumières défilaient alors qu’il se dirigeait vers la colline Namsan, au milieu de la ville. Quand ses pieds touchèrent le sol en douceur, il s’écroula par terre. Ses jambes tremblaient et ne le portaient plus. Il passa une main dans son dos. Sous ses doigts, il sentit des plumes duveteuses. Apparemment, il pouvait déployer des ailes. Encore un autre pouvoir, et celui-ci venait de lui sauver la vie.
        Il s’assit sur l’herbe le temps de reprendre ses esprits. Comme il ne les contrôlait pas, il ne préférait pas compter dessus. Il ne croyait pas les réutiliser un jour. Mais plus que tout, ce soir-là il se promit une chose : dès demain, il irait à sa rencontre. La vie était bien trop courte pour ne pas tenter sa chance. Et même si elle était destinée à quelqu’un d’autre, le destin pouvait être changé, pas vrai ?

*********

          Son cœur battait alors qu’il s’approchait du café où elle avait ses habitudes. Il s’était remis de ses émotions de la veille, mais avait rêvé la nuit entière à ce qu’il pourrait se passer.
          Sa boisson à la main, il chercha où s’installer dans la salle. Une table tout près d’elle était libre. C’était pas mal, mais… Et s’il était trop près ? Après un instant d’hésitation, il décida de s’assoir encore un peu plus loin. Il sortit son ordinateur portable et fit mine de taper sur son clavier pendant qu’il lui jetait un œil par-dessus son écran. Les yeux rivés sur son écran, elle n’avait pas prêté la moindre attention à l’agitation autour d’elle. Sa concentration alors que ses doigts filaient au rythme des touches l’impressionnait.
          Alors qu’il se focalisait sur son écran pour avoir l’air naturel, il se rendait compte que même s’il avait pensé longuement à la manière dont tout cela allait se passer, il n’avait aucune idée de comment l’aborder. Il n’était pas ce genre d’homme qui, extrêmement sûr de lui, se permettait de s’assoir à la table d’une jolie fille pour la draguer. D’autant plus qu’elle travaillait certainement et qu’il préférait ne pas partir du mauvais pied en la dérangeant. Elle n’attendait pas non plus rencontrer des gens : elle ne détournait jamais ses yeux de son écran, sauf pour répondre à un message sur son téléphone et ses cheveux étaient arrangés en un chignon qu’il l’avait vu faire très rapidement. Comment engager la conversation sans avoir l’air trop entreprenant ? Maintenant qu’il y était, la tâche lui semblait insurmontable. Pourtant il devait tenter sa chance aujourd’hui. Il restait à peine une semaine avant la Saint-Valentin et d’ici là, il devait choisir s’il la frapperait de sa flèche ou non. Même si sa première impression s’était révélée fabuleuse, il ne risquerait pas la malédiction de Cupidon pour n’importe qui : leur relation en devait en valoir la peine. Et pour ça… Eh bien il fallait qu’il y ait une relation.

          Kang-Dae fixa son écran plus d’une heure sans savoir comment l’approcher. Il avait beau guetter, elle ne montrait aucun signe d’intérêt pour le monde extérieur. Il commençait à désespérer de ne pas pouvoir engager la conversation. Si seulement tout cela pouvait être plus simple… Il avait même fini par chercher des astuces sur internet, mais à part des conseils lourds il n’avait pas trouvé grand-chose en dehors du sempiternel « ayez confiance en vous ».
          Son sang se glaça. Il ne lui restait que 2 % de batterie. Il avait utilisé la connexion de son téléphone pour accéder à internet et n’avait pas pris la peine de réfléchir à cette éventualité. Avec un rapide coup d’œil autour de lui, il remarqua la seule prise de libre : à côté d’elle. Le jeune homme pâlit et inspira profondément. Si ça n’était pas un signe du destin, il ne savait pas ce que c’était.

          En essayant de mesurer ses actions pour ne pas laisser transparaitre son angoisse, il referma son ordinateur et s’approcha de la jeune femme.

          – « Bonjour, excusez-moi. » commença-t-il avec une voix à peu près assurée.

          Elle leva les yeux vers lui, surprise d’être dérangée dans son travail. C’était la première fois qu’il la voyait de si près, et il la trouvait toujours aussi belle. Ses iris noirs semblaient transmettre tant d’émotions qu’il s’y perdrait.

          – « Est-ce que ça vous embête si je m’installe ici ? Je n’ai plus de batterie et je dois absolument décrocher si mon coach m’appelle ». continua-t-il en désignant son téléphone, l’air gêné.

          – « Oh, oui bien sûr. » répondit-elle en jetant un coup d’œil rapide à la salle. « Je n’avais jamais remarqué qu’il y avait si peu de prises. » ajouta-t-elle avec un sourire en lui faisant de la place.

          Le cœur de Kang-Dae battait à toute vitesse. Il espérait que la sensation de chaleur sur son visage ne se voyait pas.
          Au moment de brancher son changeur, il constata que ses mains tremblaient.

          – « Vous attendez un appel important ? »

          Son sourire naturel le fit fondre.

          – « Oui et non. C’est plutôt que je dois rester disponible au cas où mon coach m’appellerait. Parfois, j’entraine les 8-12 ans à sa place lorsqu’il a un empêchement. »

          – « Prof de sport ? » demanda-t-elle avec un sourire mystérieux.

          Il ne savait pas vraiment ce que signifiait cette expression, mais il était tellement ravi de pouvoir échanger quelques mots avec elle que cela n’avait aucune importance.

          – « Presque, je suis archer professionnel. Mais ça m’arrive de donner un coup de main pour les entrainements des benjamins. »

          Une lueur de curiosité traversa le visage de la jeune femme et sans même qu’il s’en rende compte, il commença à discuter de tir à l’arc avec cette inconnue. Elle n’avait l’air de rien y connaître, pourtant elle l’écoutait parler avec intérêt et lui posait toujours plus de questions sur sa passion.

          Son téléphone vibra. C’était un message de son coach. Pourquoi ?! Pourquoi devait-il partir alors que cet après-midi se déroulait finalement si bien ?

          – « Je suis désolé, je dois y aller. »

          Kang-Dae était dépité de devoir la quitter si tôt, mais la déception qu’il aperçut dans ses yeux suffit à lui donner du baume au cœur.

          – « Mais j’aimerais bien qu’on se revoie. »

          La confiance qu’il dégagea en prononçant ces mots le surprit.

          Elle lui adressa un sourire éclatant en saisissant son téléphone pour lui noter son numéro.

         – « Dans ce cas, appelle-moi quand tu ne seras pas occupé avec tes poulains. »

          Elle lui fit un clin d’œil en le lui rendant.

         Il partit à contrecœur. Mais sur son trajet, il remarqua que tout le temps qu’ils avaient passé ensemble, pas un instant elle n’avait jeté un regard à son ordinateur. Visiblement, il avait su l’intéresser suffisamment pour qu’elle ne pense plus à ce qu’elle étudiait.
         Lui aussi en avait appris pas mal sur elle. Ce qui la fascinait tant sur son écran, c’était sa thèse en géographie qu’elle était en train d’achever. De la même manière qu’on ne l’arrêtait plus lorsqu’il parlait de tir à l’arc, ce qu’elle étudiait la passionnait et elle pouvait en discuter pendant des heures. Elle lui avait aussi révélé, un peu gênée, qu’elle détestait le sport et que c’était pour ça qu’elle ne s’y connaissait pas du tout.
          Le jeune homme regarda son téléphone avec un sourire béat. Il ne manquerait pas de lui envoyer un message dans la soirée.

*********

          Cette semaine était passée à toute vitesse. Il n’avait pas trainé pour réussir à cocher tous les couples de sa liste. Enfin tous… Sauf un. Il ne lui restait plus que cette nuit pour achever sa tâche, il devait prendre une décision.
          Jusqu’à ce soir, ces derniers jours avaient été merveilleux. Kang-Dae s’était laissé porter par la légèreté de cette nouvelle relation. Il n’arrivait plus à se retenir de regarder son téléphone pour découvrir le dernier message d’Han-Ul. Ils s’étaient revus à deux occasions.
          La première fois, c’était pour boire un café et terminer leur conversation, le lendemain de leur rencontre. C’est après cet après-midi-là qu’ils n’ont plus été capables de se tenir éloignés l’un de l’autre. Ses discussions virtuelles avec sa dulcinée rythmaient sa journée. Si bien que son coach le reprit à plusieurs reprises pour manque de concentration. Mais il n’y pouvait rien s’il brûlait de réagir à ce qu’elle avait pu lui envoyer.
          En l’apprenant, la jeune femme avait minutieusement arrêté de lui répondre aux heures de ses entrainements. Elle lui avait dit elle-même qu’ils devrait compter bien plus que leurs conversations, qu’il devait se focaliser sur la médaille à gagner. Tant de délicatesse l’avait touché droit au cœur.

          Plus tôt dans la soirée, il l’avait invité à dîner au restaurant. Jamais il n’aurait pensé un jour dire qu’il avait passé un moment délicieux, pour autant il ne connaissait pas de meilleur mot pour désigner ce moment magique. Ça avait été leur premier rendez-vous à proprement parler.
          Il la trouvait encore plus belle que les deux autres fois. Son maquillage discret suffisait à la mettre en valeur et ses cheveux n’étaient plus maintenus en vrac dans un chignon, ils encadraient gracieusement son visage.

          Ce soir, couché sur son lit, il la revoyait rire aux éclats. Sans aucun doute, tout le monde ne l’aurait pas trouvé aussi ravissante que lui. Mais chacun de ses défauts le charmait pour l’instant.
          Ça n’était pas important si elle n’aimait pas le sport, tant qu’elle s’intéressait à ce que lui faisait. Après tout, il ne cherchait pas quelqu’un pour aller courir ensemble tous les jours.
          Son visage n’était pas parfait comme celui de toutes les autres femmes qu’il avait rencontré, et c’était bien ce qui la rendait unique.

          Malgré tout, cela ne faisait qu’une semaine qu’il la connaissait. Il était bien trop tôt pour parler d’amour. Mais Kang-Dae sentait qu’avec un peu plus de temps, ses sentiments deviendraient encore plus forts.
          Un soupire lui échappa lorsqu’il réalisa qu’il ne pouvait pas tirer ses deux dernières flèches. Et même si ça ne fonctionnait pas, il devait laisser une chance à leur relation naissante de s’épanouir. Il espérait seulement que Cupidon ne viendrait pas s’en mêler. Vu comme il n’avait pas l’air préoccupé par son travail, Kang-Dae escomptait passer entre les mailles du filet pour cette année au moins. Et si à la Saint-Valentin prochaine il devait faire face à ses choix, qu’à cela ne tienne. Mais si lui et Han-Ul étaient ensemble, alors elle ne figurerait pas dans la liste de Cupidon et tout serait réglé, non ?
          L’incertitude dépassait toute mesure. Il ne maîtrisait aucun des éléments. Mais il ne pouvait pas prendre la décision pour elle. Elle devait choisir son destin librement.

          Et dans le fond, il avait prouvé que ce couple n’était pas assorti au mieux. Il avait donc raison de ne pas leur lancer ses flèches, n’est-ce pas ?
          Il tentait de se convaincre comme il pouvait alors qu’il s’endormait, la boule au ventre. Si Cupidon décidait de le frapper de sa malédiction en punition, il ne pourrait pas faire grand-chose. Après tout, quels recours avait-il face à un être magique ?

 

          Kang-Dae se réveilla le lendemain matin en essayant de faire apparaitre sa liste, son arc et ses flèches.

          Rien.

          Les pouvoirs que Cupidon lui avait prêtés s’étaient bien volatilisés, comme prévu.

          La matinée passa vite, au rythme des flèches décochées sur les cibles. Cette fois, l’archerie lui permit de se vider la tête de toutes les angoisses qui commençaient à le hanter.
          D’ailleurs, il se rassura en se disant que Cupidon n’avait pas l’air d’avoir décidé de lui rendre visite. Et sans conteste, ça devait être une bonne chose. Peut-être qu’il avait le droit à une marge d’erreur au cas où il n’ait pas eu le temps de réunir tous les couples ?

          C’est soulagé qu’il rentra chez lui. En passant, il prit son courrier, comme chaque jour. Mais cette année, une boîte de chocolats l’attendait.

(notes de l’auteur : en Corée comme au Japon, il est coutume à la Saint-Valentin qu’une jeune fille exprime ses sentiments à celui qu’elle aime en lui offrant des chocolats. Les hommes doivent leur rendre la pareil un mois plus tard, le 14 mars)


Cette nouvelle vous a plus ? Génial, on se retrouve la semaine prochaine pour la suite !

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