Programme Soulmates
~ Partie 2 ~
— « Aujourd’hui, je fête mes 20 ans. »
Élia avait lâché ça comme un cheveu sur la soupe. En même temps, comment ce genre de choses peut venir dans la conversation ? Et puis elle préférait ne pas affronter le regard de son nouvel ami — si elle osait l’appeler ainsi, ça lui paraissait fou ! — quand un silence gênant s’en suivit.
Soit il s’en fichait, soit un malaise s’installait parce qu’il n’avait rien prévu.
— « Mais t’inquiète pas, j’ai une idée en tête. Tu te souviens quand tu as frappé à ma porte il y a quelques mois ? Est-ce que tu as réussi à sortir ? »
Wang sourit, il avait parfaitement compris où elle voulait en venir.
— « On part demain, et j’aimerais visiter la ville. » finit-elle par dire dans un souffle, elle était éblouie par sa propre audace.
Cette idée la terrifiait et l’excitait en même temps. Mais elle était certaine de vouloir voir au moins une fois à quoi ressemblait l’extérieur. Même depuis sa chambre d’hôtel elle n’avait jamais aperçu les mille lumières et le tumulte de cités qu’ils parcouraient.
Le Programme les avait sans doute sélectionnées soigneusement pour ne pas les tenter de poser un pied dehors. Si bien que la seule image qu’elle en avait était celle qu’elle s’était faite en lisant.
Mais il était temps pour elle de vivre ses propres expériences.
Devant le silence de son ami, elle se redressa. Sans un mot, il avait commencé à rassembler quelques affaires dans un sac à dos et sortait des vêtements discrets.
— « Alors c’est oui ? » demanda-t-elle sans vraiment y croire.
— « Comment je pourrais refuser une escapade dehors ? Et en plus pour ton anniversaire ? »
Le cœur de la jeune fille se mit à battre la chamade. Elle qui jamais n’avait voulu tenter le destin se retrouvait à ne rien désirer de plus fort.
Son cœur battait alors que les odeurs d’épices des restaurants environnants lui parvenaient. L’agitation de la ville l’assaillait de toute part. Elle aurait pu rester des heures au milieu de la rue à tourner sur elle-même sans y croire. Peu importe si elle était bousculée par les passants. Elle voulait capturer chaque détail et les graver dans sa mémoire.
Ses yeux se remplissaient alors que Wang la tira hors de la route.
— « Ça va ? »
Elle eut à peine le temps de hocher la tête et déjà il l’attirait loin du tumulte pour aller explorer une plus petite artère.
Leur escapade dans ces rues demeurerait à jamais son plus beau souvenir. Pas un instant elle n’avait regardé les habitants dans les yeux, bien trop occupée à découvrir les méandres de la ville et à courir sous les lanternes qui éclairaient les pavés.
C’était encore plus merveilleux que ce qu’elle s’était imaginé. Les toits concaves et les devantures parés de signes qu’elle ne comprenait pas lui donnaient l’impression de s’être échappée dans l’un de ses romans. Et pourtant non, c’était à ça que ressemblait la vie à l’extérieur. Comment y croire ? Mais surtout comment s’en passer maintenant qu’elle avait gouté à tant de liberté ?
Sans argent, ils n’eurent pas la possibilité de s’arrêter dans un restaurant. Mais sans un mot, ils échangèrent une promesse par le regard : un jour, ils s’offriraient un diner lors de l’une de leurs sorties.
À peine trois heures plus tard, les deux jeunes gens se retrouvaient à nouveau dans l’une des chambres de l’hôtel. Ils avaient fait le tour de la ville et tous les deux fixaient le plafond alors qu’ils étaient allongés sur le lit.
– « C’était incroyable » finit par souffler Élia. « Je n’aurais jamais imaginé que l’extérieur soit si… Je ne trouve pas mes mots. Merci. »
— « C’était beaucoup mieux à deux que seul » répondit-il, les yeux rieurs.
Sans qu’elle ne puisse les retenir, de grosses larmes coulèrent le long de ses joues.
— « Jamais l’un de mes anniversaires n’avait été aussi beau. Mais je ne suis pas prête à m’arrêter. »
Elle tourna la tête vers lui.
— « On sortira à chaque ville ? »
Son ton était presque suppliant, comme si elle avait peur de ne plus jamais pouvoir savourer cette liberté qui l’avait enivrée quelques heures. Attendre leur prochaine sortie sera déjà un supplice, elle devait s’assurer de pouvoir s’accrocher à cette idée pour survivre d’ici là.
Ce souvenir merveilleux lui permettrait de tenir, mais pas indéfiniment.
— « Promis. » dit-il en la regardant dans les yeux et en serrant sa main.
*********
— « Tu as vu leur tête tout à l’heure ? On va vous séparer » imita Wang.
Élia explosa de rire.
— « Comme si ça allait changer quelque chose. » ajouta-t-elle. « Et puis il faut bien qu’on s’amuse un peu ! »
— « Tu crois qu’ils ont déjà eu ce genre de cas ? »
Elle haussa les épaules.
— « Le Programme existe depuis des centaines d’années, alors qui sait. Mais on a tous tant pris l’habitude d’être enfermés dans notre solitude qu’ils ne doivent pas voir ça très souvent. »
— « Et puis ils doivent avoir trop peur que leurs précieux protégés tombent amoureux de quelqu’un. » continua-t-il hilare.
C’est vrai qu’il y avait ça aussi. Mais comment savoir si on a des sentiments lorsqu’on n’a jamais eu d’autres amis ?
— « Mais ça n’a jamais fait partie des règles, donc ils doivent être furieux de ne rien pouvoir nous imposer. Et encore, ils ne savent pas pour les escapades. » ajouta-t-elle avec un regard complice.
— « D’ailleurs, on en est où ? »
Il sortit sa valise de sous son lit et il en retira quatre objets. Élia posa un petit vase à côté du verre en cristal, du set de couvert et d’un porte-bougie.
Il se tourna vers elle, surprit.
Elle haussa les épaules, en dissimulant sa fierté.
— « Quoi ? Il faut bien qu’on puisse s’amuser un peu, non ? »
— « Mais on va savoir que c’est nous. » s’inquiéta-t-il
— « Je ne crois pas. Et puis, il n’est pas impossible que je me sois trompée d’étage en venant te voir. » glissa-t-elle avec malice. « Et puis personne ne me soupçonnera. Ils pensent toujours que je suis la jeune fille sage qui passe son temps plongée dans ses livres. »
— « Il y avait peut-être une caméra. »
L’inquiétude sur le visage de son ami éveilla une légère angoisse qu’elle réprima aussi vite qu’elle était apparut.
— « Et ? Demain, nous serons déjà partis. Si on s’en débarrasse ce soir, personne ne pourra remonter jusqu’à nous. Ils pourront fouiller ma chambre, ils ne trouveront rien. »
Il hocha la tête en empaquetant le tout dans son sac à dos. C’était de loin l’objet le plus précieux qu’ils aient jamais volé. Mais de là à savoir combien le revendre ! Le troc serait sûrement en leur défaveur, mais cela n’avait que peu d’importance. Ce qu’ils voulaient, c’était de pouvoir profiter de cet argent dès qu’ils l’auraient en main.
— « D’ailleurs, je ne pense pas qu’ils soient au courant qu’on se voit le soir. Sinon depuis le temps on en aurait entendu parler, tu ne crois pas ? » dit-elle en s’allongeant sur son lit.
— « C’est vrai que s’ils l’apprenaient, c’est certain qu’ils mettraient tout en œuvre pour qu’on arrête. »
Elle soupira. Malgré la liberté qu’elle avait découverte à ses côtés, le contrôle qui les entourait devenait de plus en plus suffocant.
Ses journées étaient bien moins pénibles qu’avant qu’elle ne le rencontre, et plus jamais elle ne se sentirait enfermée et prise au piège comme elle l’avait été.
Et si l’un d’eux trouvait son âme sœur, alors tout pourrait s’écrouler du jour au lendemain. Élia ne se permettait jamais d’y penser.
Pourrait-elle abandonner son ami seul ici si elle découvrait cette personne qui ferait raisonner en elle ce don dont tout le monde parle ? Et lui, que ferait-il si ça lui arrivait ?
Elle chassa immédiatement ces questions auxquelles elle ne pouvait pas répondre en un long soupire.
— « Tu es prête ? »
Elle avait été perdue dans ses pensées. Et l’excitation de la sortie suffit à la remettre d’aplomb.
— « Évidemment ! »
Avec les mêmes déguisements qu’ils avaient glané çà et là au fur et à mesure de leur périple, ils descendirent comme s’ils étaient n’importe quels clients de l’hôtel. Wang avait glissé un oreiller plat autour de son ventre pour simuler une corpulence différente. Et Élia n’était pas reconnaissable avec son grand chapeau, ses lunettes de soleil et ses talons aiguilles.
Ils passèrent dans le hall d’entrée bras dessus bras dessous comme un couple en voyage.
— « Bonne soirée, messieurs dames ! »
La sollicitude du personnel manquait toujours de les faire exploser de rire. Aucun d’eux ne s’était jamais douté de qui ils étaient. Une fois hors de l’hôtel, ils tournèrent dans la première rue avant de se laisser aller à leur fou rire. Ça arrivait chaque fois et pourtant, ils ne s’y habituaient pas.
Ce sentiment de plénitude alors qu’elle se retrouvait au beau milieu de la foule ne changeait pas non plus. C’était toujours aussi grisant que la première nuit : braver les interdits et s’autoriser à vivre pleinement quelques heures par mois. Chaque fois, elle se demandait comment elle avait pu tenir toutes ces années.
À peine le temps d’inspirer l’air chargé de parfums de viande rôtie que Wang l’attirât dans une rue parallèle à la découverte du marché nocturne. D’expérience, c’était le meilleur endroit pour vendre discrètement ou troquer les objets qu’ils avaient collectés.
Entre leur butin du soir et les pièces qui leur restait de leur précédente escapade, ils allaient pouvoir s’offrir chacun une brochette de cette échoppe qui sentait si bon !
Tous les deux assis sur un banc face à la rivière qui traversait la ville, Élia soupira :
— « Combien de temps est-ce que tu crois que l’on peut encore continuer ? »
Le regard de son ami pesa sur son visage alors que ses yeux se perdaient dans la contemplation de l’horizon noir où les flots disparaissaient.
— « Tu penses t’enfuir ? » demanda-t-il sans passer par quatre chemins.
Elle aimait cette franchise. Pas besoin de chercher comment dire les choses ou de tourner autour du pot. Wang allait toujours droit au but.
Et c’était la première personne qui lui parlait avec autant d’honnêteté. Contrairement aux employés du Programme qui, eux, se confondait en excuses toutes plus stupides que les autres et en sourires gênés à la moindre question.
— « Je ne sais pas. Mais j’y pense parfois. »
Elle tourna la tête, croyant croiser le regard réconfortant de son ami. Mais lui aussi s’était plongé dans la contemplation du tumulte de l’eau.
— « Pas toi ? » insista-t-elle alors qu’il restait terriblement silencieux.
Le mince sourire qui s’afficha sur son visage suffit à lui répondre.
– « Quand ? » finit-elle par demander dans un murmure.
Le souffle commençait à lui manquer. Et si un jour elle se réveillait et qu’il n’était plus là pour l’aider à supporter ses journées ?
Non, c’était plus que ça. L’idée même de ne plus le revoir lui était insoutenable. Cette simple pensée suffisait à lui faire monter les larmes aux yeux.
— « Pas tout de suite. » rit-il comme s’ils parlaient d’une banalité.
Le bruit de l’eau était plus assourdissant que jamais dans le calme de la nuit.
La jeune femme tentait de camoufler sa détresse autant qu’elle le pouvait. Jamais elle ne voulait devenir un poids pour son ami. Elle ne devait pas le ralentir, et si c’était ce qu’il désirait alors elle devrait le laisser s’en aller. Quoiqu’il lui en coûte.
Alors que sa main se crispait sur le rebord du banc, elle sentit la chaleur de celle de Wang se poser sur la sienne. En la serrant doucement, il ajouta :
— « Jamais je ne partirais sans te prévenir. »
Ces mots suffirent à lui dénouer l’estomac et la jeune femme hocha la tête alors qu’elle essuyait sa joue.
— « C’est quoi le maximum que tu te vois encore rester ? »
Son regard déterminé surprit le jeune homme.
— « Si je n’ai pas rencontré mon âme sœur à 30 ans, alors il sera tant pour moi de tracer ma propre route. Loin de tout ça. »
— « 30 ans c’est bien. Ça nous laissera largement le temps de trouver le bonheur que l’on mérite. »
Avait-il sous-entendu que… ?
La lune ne les éclairait pas suffisamment pour que Wang ne devine le rose qui venait de monter aux joues de la jeune fille.
— « Quoi ? Tu t’attendais vraiment à t’enfuir sans moi ? Quitte à repartir de zéro dans une nouvelle vie, autant le faire avec un ami. »
Leurs regards se croisèrent enfin.
C’était une promesse.
Quoi qu’il se passe, elle ne serait jamais seule.
*************
Minuit déjà. Cela faisait plusieurs jours qu’elle n’avait pas passé sa soirée avec Wang. Il n’avait pas envie d’en parler alors elle n’avait pas insisté. Mais elle s’inquiétait pour lui.
Elle referma son livre dans un soupire et contempla les aiguilles continuer leur course effrénée en pensant que demain serait un meilleur jour.
Blottit sous sa couette, la jeune femme s’apprêtait à s’assoupir quand sa porte s’ouvra brusquement.
La lumière du couloir laissa deviner une silhouette familière.
— « Élia, tu dors ? » demanda-t-il avec une agitation qu’elle ne lui connaissait pas.
Après un bref regard dehors il referma la porte derrière lui.
— « Qu’est-ce qu’il y a ? »
La confusion se lisait sur son visage : Wang portait à son épaule un lourd sac de voyage bien rempli. Et cela ne pouvait vouloir dire qu’une chose.
— « Je pars ce soir. »
Il évitait soigneusement son regard.
« Ce soir ? » s’interrogea la jeune fille.
Mais pourquoi ? Les cinq années de leur pacte étaient loin d’être écoulées. Et il lui en aurait parlé plus tôt si sa famille avait décidé d’arrêter de payer ?
— « Mais je croyais qu’on avait encore du temps pour préparer notre fuite. » commença-t-elle. « Pourquoi si vite ? »
Face à son silence, la réponse lui vint d’elle-même :
— « Oh, je comprends ! Tu l’as rencontré, c’est ça ? »
— « Tu sais, après toutes ces années, je n’y crois plus à ces histoires d’âmes sœurs. »
— « Est-ce que pour autant tu es certain de vouloir tout remettre en cause ? Tu as trouvé ce que nous avons tous attendu toute notre vie. Tu pourrais devenir une personne hors du commun. »
Elle lui prit la main. Même si ces mots lui arrachaient le cœur, il était hors de question qu’il balaye toutes ces années de sacrifices sans y réfléchir sérieusement.
— « Justement. J’ai compris que mon âme sœur ça n’était peut-être pas cette personne qui m’a offert une compétence exceptionnelle. Mais peut-être plutôt celle qui m’a permis de tenir jusqu’ici. »
— « Tu risques de ne jamais savoir qui c’est. »
— « Je sais. Et ça m’est égal. »
Sa main serra la sienne un peu plus fort. Jamais elle n’avait vu autant de détermination dans son regard.
— « Si on se donne quelques jours, on peut peut-être trouver le registre de la journée où tu l’as rencontré. Et tu pourras chercher toi-même quand on sera sorti ? »
— « J’ai déjà pris quelques jours. Et si cet inconnu vient se déclarer à eux alors je serais coincé pour de bon. »
— « Mais on n’a pas encore assez d’argent. Comment on va survivre dehors ? Et tes cours de maths ? »
L’idée de s’évader ne l’effrayait pas tant que ça. Mais elle aurait tout donné pour avoir un peu plus de temps. Assez pour chaparder la liste des noms des personnes qu’ils avaient rencontrées.
— « On va s’en sortir. On est plus que prêt. »
Elle était à court d’arguments.
— « Et si tu regrettes ? Tu as consacré ta vie entière à chercher cette personne ! »
Le sourire qui s’afficha alors sur le visage du jeune homme lui aurait fait renoncer à n’importe quoi.
— « Je ne regretterai pas. Et sinon on retournera dans la ville précédente et on trouvera nous-même. Mais… »
Un voile de tristesse vint assombrir la détermination qui vrillait dans ses yeux.
— « Si tu veux rester, tu peux. Je comprends. On a sacrifié tellement pour en arriver là que c’est dur de tourner le dos à la seule chose que l’on connait. »
Quoi ? Mais non, elle aussi était prête à partir. Son inquiétude n’avait rien à voir avec l’idée de s’échapper. Comment pouvait-il imaginer qu’elle ne voulait pas l’accompagner ?
Elle le regarda bouche bée quelques instants, ébranlée par cette idée-même. Avant qu’elle ne puisse le contredire, la main libre de Wang l’attira plus près de lui qu’elle ne l’avait jamais été. Jamais ils ne s’étaient permis une accolade.
Et pour autant, se sentir si proche de lui la détendit. Après tout, ils voulaient tous les deux la même chose, ils avaient passé des années à l’ignorer pour ne pas rendre la situation plus difficile.
Les pensées se bousculaient dans sa tête. Elle rêvait de l’embrasser, mais elle n’osait pas. Et si ça n’était qu’un câlin amical ?
Avant qu’elle ne puisse plus se poser de question, les lèvres de Wang étaient déjà contre les siennes. Et ce baiser se révélait encore plus incroyable qu’elle ne l’avait imaginé.
Tous les doutes qu’elle avait s’étaient évaporés en une fraction de seconde. Ils avaient attendu ce moment si longtemps.
Alors qu’ils se perdaient dans leur étreinte, le téléphone de la chambre sonna. Ils échangèrent un regard inquiet : personne n’appelait jamais. Et encore moins à cette heure-là.
— « Oui ? » répondit Élia, tremblante, en essayant d’avoir l’air endormie.
— « Mademoiselle Desjardins. Nous sommes navrés de vous déranger en pleine nuit. Nous sommes à la recherche de monsieur X. il semblerait qu’il ait disparu de sa suite. Comme il nous avait crus comprendre que vous vous entendiez plutôt bien, je me permets de vous demander s’il vous a parlé de quoi que ce soit ? »
— « Non, bien sûr que non. Je ne suis au courant de rien. »
Sa panique actuelle rendait d’autant plus crédible sa réponse.
— « Mais prévenez-moi quand vous aurez des nouvelles. Ce que vous dites m’inquiète énormément. » ajouta-t-elle après que son interlocuteur se soit confondu en excuse.
Elle raccrocha et sans perdre une seconde elle sortit un gros sac de voyage de sous son lit. Tous les deux avaient décidé, après leur pacte au clair de lune, de toujours se tenir prêts à partir. Au cas où une urgence se présenterait.
— « J’en ai pour une minute et on sera hors d’ici. » précisa-t-elle alors qu’elle s’agitait pour réunir les derniers objets qu’elle ne voulait pas laisser derrière elle.
Le temps de s’habiller et Wang avait ouvert en grand la fenêtre.
— « Tu veux t’enfuir par-là ? »
— « Ils me cherchent. On ne peut pas s’éclipser comme d’habitude, encore moins à cette heure-ci. »
Elle hocha la tête, tout de même un peu inquiète alors qu’elle plaçait délicatement le mot qu’elle avait préparé depuis des années sur son oreiller. Avec un peu de chance, ses parents comprendraient et tenteraient malgré tout de reprendre contact avec elle. Et sinon, cela importait peu. Elle ne les connaissait presque pas de toute façon.
— « Tu es sûre de toi ? » dit-il, solennel. « On ne peut pas revenir en arrière. Et je sais que tu en attendais beaucoup du Programme. »
— « Oui. » souffla-t-elle en fixant la chambre.
Avait-elle le courage pour aller au bout ?
— « Si tu ne veux pas partir ce soir, on peut se donner un lieu de rendez-vous pour le jour où tu t’enfuiras. Un signe, quelque chose. »
Elle secoua la tête.
— « Non, je suis sûre. Je ne supporte plus d’être enfermée. J’ai besoin de savoir ce qu’il se cache à l’extérieur, dans la vraie vie. »
Elle prit sa main pour se donner du courage.
Et alors que l’hôtel était fouillé de fond en comble pour trouver le fugueur, leur fuite était digne des romans qu’Élia avait lus toute sa vie : des draps noués entre eux leur permirent d’atteindre le rez-de-chaussée. Peu importe le danger, rien n’était pire que de rester là.
Sans que personne ne s’en rende compte, ils disparurent main dans la main dans la nuit d’un noir d’encre.
Cette nouvelle vous a plus ? Génial, on se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle aventure !
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